CHANSONS
Venezia (extrait)
Là-bas sous le ciel embué de langueur
J’ai vu Venezia au visage crayeux
Le fard sur ses joues dessine avec les pleurs
La fête et le deuil qui brillent dans ses yeux
J’ai bu sur les ponts son long souffle salin
Accordant mon pouls au geste des rameurs
Ainsi je me fonds aux vagues de tes reins
Quand m’ont envoûté tes regards naufrageurs
Ton corps a gardé la mémoire de l’eau
Comme Venezia tu as des bruits mouillés
Comme Venezia tu as les yeux trop beaux
Pour que je n’y sois à jamais prisonnier

Le balcon (extrait)
Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses,
Ô toi, tous mes plaisirs ! ô toi, tous mes devoirs !
Tu te rappelleras la beauté des caresses,
La douceur du foyer et le charme des soirs,
Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses !
Charles Baudelaire

Québec-Lévis
Le bateau blanc et bleu
Qui fait l’aller-retour
Ça me déçoit un peu
Le voyage est trop court
Le bateau bleu et blanc
Il fait la traversée
Et moi je fais semblant
Semblant de voyager
Refrain
Québec-Lévis
Toujours surpris
D’être arrivé
Avant d’sentir
Qu’on est parti
On est déjà
De l’aut’ côté
Et on a eu
Tout just’le temps
De respirer
C’est pas sérieux
Mon capitaine
Ce trajet-là
Toujours pareil
Et tout’ la s’maine
Québec-Lévis
C’est bien joli
Mais j’aim’rais tant
Partir des fois
Pour d’aut’ pays
La ville grise ou bleue
Aux mille souvenirs
Je suis son amoureux
Mais ell’ me fait languir
Voilà pourquoi ce soir
Je lui fais mes adieux
Dans le port illusoire
De mon coeur oublieux
( Refrain )
Rue St-Flavien (extrait)
Y’avait l’soleil qui v’nait chauffer
Les chats les chatt’s du vieux quartier
Et qui dorait not’ quotidien
Et c’était bien
De s’installer à la fenêtre
Et comm’ les plantes se repaître
On avait plus besoin de rien
Rue St-Flavien
Y’avait en fac’ la cour d’école
Qui débordait de farandoles
De chants joyeux dès le matin
Et c’était bien
De s’réveiller aux cris stridents
Des moineaux qui en f’saient autant
Pas besoin de réveil-matin
Rue St-Flavien
Y’avait Pierrot et Colombine
Marie la bell’, Léon la fine
Jojo le corbeau tragédien
Pour les refrains
On chantait plus que l’on buvait
Quand c’tait lui qui les entonnait
C’était bien mieux qu’au Tabarin
Rue St-Flavien
Le doux bien tard
Matin blafard
Tu es à nous
Matin si doux
Et sous ton fard
Matin bizarre
Tu nous joues
Des airs qui nous égarent
Matin bien tard
Tu mets en nous
Matin bavard
Un désir flou
Qui se contient
Car ce n’est rien
Ou bien peut-être tout
Matin si fou
Tu nous retiens
Comme une amarre
Au doux bien tard
Nos cœurs blafards
Se sont dit tout
Comme au premier matin
Chanson d’hiver (extrait)
Une chanson d’hiver
Des bords du St-Laurent
Où les champs sont plus blancs
Que les moutons de mer
Une chanson d’hiver
À l’accent de ces gens
Qui conjuguent au présent
Tous les rêves d’hier
Une chanson d’hiver
À la voix entêtée
Dans l’enfer enneigé
Qui chante et qui espère
Une chanson d’hiver
Dont les mots trop brûlants
Balancés par le vent
Font une poudrière
Les zuzus (extrait)
Ils ont l’cortex dans un corset
Et ça leur donne un tas d’complexes
Ils ont dans un corps de reptile
Des sentiments par trop subtils
Pour vivre en paix avec leur sexe
Les zuzus…
Ils ont des instincts négatifs
Dont ils sont bien souvent captifs
Ils se libèr’nt sur leurs semblables
De ces impulsions lamentables
Ils manipul’nt les plus chétifs
Les zuzus…
N.B. Pour en apprendre plus sur les zuzus et connaître la chute (du poème…) vous pouvez, pour 1$, vous procurer la chanson dans la section Boutique!
Le vent
Dis moi
Dis que le vent reviendra
Pour taire, pour assourdir tout en moi
Qu’il soit glacial ou chaud, que m’importe
Pourvu qu’il soit le vent qui m’emporte
Et balaie ma raison
Comme un air vient battant
Un air qui saoule mes pas
Fouettant le ciel usé de ma vie qui s’en va
À ce vent-là, pas un tourment ne survivra
Dis moi
Je mords les mots trop exsangues
Pourquoi ? Un peu de sang sur ma langue
Toujours la même angoisse qui veille
Mais toi, redis-le moi à l’oreille
Que bientôt il viendra
Le vent fou, en battant
Cet air qui saoule nos pas
Fouettant le ciel usé de la vie qui s’en va
À ce vent-là, la loi du temps s’effacera
Cette chanson est dédiée à mon grand ami Xavier-Claude Nantais-Turcotte (1945-2012), en souvenir de toutes ces belles années de complicité entre 1975 et 2012…
Cloclo
On s’est connu je me rappelle
La vie tournait ses premièr’s pages
Y’avait l’printemps dans nos bagages
Et le savoir des hirondelles
Sur les vieux quais jusqu’au matin
Te souviens-tu d’nos beaux flânages
Et de ces mots
De tous ces mots gravés en gage
D’éternité sur nos cal’pins
Refrain
Cloclo on prend l’bateau d’la nuit
Qui fait les ports d’la nostalgie
Billet ouvert et carte blanche
Pour naviguer jusqu’au dimanche
On prend le temps de perd’son temps
D’choisir le loisir à plein temps
L’escale est bonne au paradis
Et puis qu’est-c’qu’on s’en fout du prix
On savourait la fin du jour
Sur ta guitare au fond d’la cour
La vill’sans smog, le soir sans voile
On pouvait voir v’nir les étoiles
Alors c’était l’embarquement
Pour les p’tits bars d’la rue St-Jean
Quand j’pense à toi
Quand j’pense à toi y’a un’ chanson
Qui r’vient m’donner le mêm’ frisson
(Refrain)
D’autres viendront qui r’gard’ront l’ciel
D’autres comm’nous dans leurs flânages
F’ront les poèm’s qu’on fait à l’âge
D’la p’tite école des hirondelles
Y’aura toujours au fond d’un’ cour
Perçant le smog les mots d’amour
D’une aut’ chanson
Une aut’ guitar’ sous la grand’ toile
Qui f’ra briller les mêm’s étoiles
(Refrain)